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Romy Schneider et Saint-Tropez

par Henry-Jean Servat

Saint Tropez village church tower and old rooftops view, famous tourist destination on Cote d Azur, Alpes-Maritimes department in southern France

Saint-Tropez reste, à jamais, charnellement et sentimentalement, attaché à Brigitte Bardot. Qui a assuré sa gloire et qui se trouve indissolublement liée au petit port Varois, qui n’était pas, pour autant, inconnu du reste de la planète lorsque BB incarna, sur ses plages et dans ses ruelles, le personnage sexy et sulfureux de la Juliette de ‘Et Dieu créa la femme’. A sa suite, à Saint-Tropez, capitale d’un monde éternel et de mœurs nouvelles, quantités d’autres actrices sont venues bronzer sur le sable et danser sous les étoiles. Au sommet d’un petit groupe de créatures scintillantes, surnage, peu le savent, Romy Schneider qui découvrit les lieux en venant y tourner ‘La Piscine’ en 1968. Mais celle qui fut l’éternelle Sissi ne fit pas qu’y passer, en jouant en maillot noir la Marianne de Alain Delon. Elle choisit, elle aussi, tout comme Brigitte, et douze ans après elle, d’habiter à Saint-Tropez, logeant à l’Hôtel de la Ponche, avant de donner naissance à sa fille Sarah qui vit le jour à la clinique locale de l’Oasis, puis d’aller se baigner à la Madrague avec sa propriétaire et de se faire construire une maison à Ramatuelle pour y vivre en famille, avec ses enfants et son mari.

A l’instar de son amie Brigitte, Romy fut, belle et bien, une vraie Tropézienne qui, heureuse de l’être, trouva, au bord de la Méditerranée et près de la baie des Canoubiers, une douceur de vivre et la paix du cœur. Là, elle connut une pause et vécut apaisée.

Une exposition, ‘Brigitte Bardot et Romy Schneider, sous les soleils de Saint-Tropez‘, réunit, cet été, des images et des souvenirs, des affiches et des objets, qui racontent les deux actrices, proches pour un temps, pareillement splendides, également resplendissantes, légendes vivantes et amies de cœur. L’expo se tient, du 3 août au 18 septembre sur les deux étages de la villa Jean-Despas, place des Lices, à Saint-Tropez, au cœur même du plus célèbre petit village du monde.    

Romy pour l’éternité

Que dire, aujourd’hui, d’une actrice célèbre de quarante-trois ans qui est partie, il y a maintenant quatre décennies ? Qu’elle était belle, et terriblement intelligente. Qu’elle aimait Mozart. Et Visconti. Et Heine. Et nous.

Par-delà la brusquerie de son départ et par-delà une aussi longue absence, nous continuons à aimer Romy. À l’adorer. Romy, ce fut, d’abord, en effet, au tout début, l’indicible frémissement d’un visage cristallin et l’impalpable crissement de longs rubans de soie qui nous comprimaient la poitrine tel du papier cristal qu’on froisse. Fraîche comme un rhume de cœur, entrée dans le cinéma et sa légende à l’âge des premières communions, âme toute blanche, rose aux joues et griffes aux genoux, Romy reste une héroïne crémeuse à la façon d’une friandise fondante, fleur bleue qui danse, avec des étoiles dans les cheveux, la valse de l’empereur sur des parquets cirés. Pendant que les lustres à pampilles, les plafonds chamarrés et les rideaux de brocart tournoient sans fin à son entour, Fräulein Schneider valse à en donner le tournis sur les vestiges d’une Europe en ruines. Romy s’étourdissait pour oublier les cadavres d’après la bataille et les paysages de désolation qu’étaient devenues et l’Autriche et l’Allemagne et l’Europe.

Enfant sensible, adolescente hypersensible, Romy endossa, à la fois malgré elle mais aussi de son plein gré, la responsabilité collective des exactions nazies et des persécutions juives comme si, à elle seule, elle cherchait à en expier l’horreur. Découvrir et que sa mère avait fréquenté des dignitaires du IIIe Reich et que son père brillait par son absence ne contribua pas peu à exacerber chez elle son sentiment de responsabilité collective. Non impliquée mais horrifiée. Responsable mais pas coupable. Traversant haut la tête, coiffée d’une lourde couronne, ces bluettes pralinées en forme de pâtisseries viennoises, Romy, cernée d’une légende, n’en finit pas, depuis, au souvenir de Papili, de Tante Sophie et de Franz, de traîner à sa suite une ribambelle d’admirateurs enamourés et éblouis. Ainsi pomponnée, ainsi pommadée, trônant dans la vitrine scintillante du château de Schönbrunn, elle s’y figea, tel un aspic en sa gelée, dans une imagerie délicieuse et désuète de princesse pimpante et primesautière qui correspondait à tout, sauf à sa personnalité profonde. Sous le vernis qui se mit à craquer, Sa Majesté, avec un passé qui la hantait, se révélait des plus complexes.

Nous l’aurions laissée et peut-être même oubliée ainsi, au long d’années déboussolées, vilipendée par la presse allemande, heureuse à Paris puis malheureuse avec Delon qui l’avait abandonnée derrière un bouquet de roses, si, une décennie plus tard, elle ne s’était rappelée à notre mémoire en réapparaissant, éclaboussée de soleil, en maillot de bain noir d’une pièce, à la surface tiède d’une piscine tropézienne. Nous éprouvâmes alors le sentiment de la redécouvrir, au sortir d’une période un peu rude et un peu perdue, comme née d’une vague nouvelle, non plus en poupée d’opérette mais en vraie femme avec des formes, des fesses et des seins, ce que nous n’avions pas remarqué jusqu’alors, dégageant de la sensualité et suscitant du désir. Loin des fastes et des falbalas, Sissi semblait maintenant créature de chair et de sexe. Puis, peu à peu, au fil des films qui suivirent, Romy se montra, qui plus est, vulnérable, angoissée et dotée de sens, d’un sens qu’elle donnait à ses personnages.

Régnant, après le retrait de Bardot, et au côté de Girardot, sur le peloton de tête des actrices françaises, Romy se coula, via Sautet, dans la peau d’une interprète lumineuse symbolisant et l’intelligence des sentiments et l’épanouissement de la beauté. Elle fut l’incarnation suprême de la femme française des années soixante-dix. Affleuraient, sur son sublime visage, des nuages de sentiments, des brumes de mélancolie, des éclats d’humeur, des éclairs de désenchantement. De caractère pas toujours facile, elle continua, exigeante, à s’attacher les cœurs, alors que le sien se brisait peu à peu. Malheureuse en amour, sous nos yeux effarés et effrayés, vivant une succession de drames, elle nous apparut alors telle une créature de sang et de tripes, jouant à l’écran comme dans la vie avec des motions extrêmes. Jamais, la vraie Romy ne se montra autant elle-même que dans les œuvres qu’elle tournait et en lesquelles elle jouait ou plutôt ne jouait pas. Elle fut, là, au plus proche de sa vérité. Ne jouant jamais, elle était. Actrice jusqu’au tréfonds de son être, Romy incarna le tréfonds du désespoir, nous faisant vivre son agonie et sa mort en direct. Et nous laissant, comme personne d‘autre n’y parvint, le sentiment perdu d’une recherche d’un bonheur jamais trouvé, d’une folle fuite en avant, en quête inachevée d’impossibles ailleurs et de lointains infinis.

« Romy la Légende »

Henry-Jean Servat-

Édition Hors Collection – 32,00 €

Journaliste, chroniqueur, écrivain et réa-lisateur, Henry-Jean Servat a principalement travaillé pour Midi Libre, Libération, Paris Match et France 2 où il a tourné et présenté sept cents reportages de 2003 à 2019.

Il a rédigé quelques soixante ouvrages, réalisé six documentaires télévisés et aussi mis en scène un opéra.

Henry-Jean Servat a été élu, en juin 2021, conseiller municipal de la ville de Nice où il est en charge de la Protection Animale ainsi que du Cinéma. Il vit entre Nice et la provence.

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