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Henry-Jean Servat

et Madame la Comtesse de Paris

Journaliste, chroniqueur, écrivain et réalisateur, Henry Jean Servat nous entraîne au cœur de la vraie Jet-Set et nous confie avec élégance et humour ses plus belles histoires dans son dernier livre « So Chic ! » paru aux éditions Archipel.
Extrait et moment choisis.

Cela me fit (et me fait encore) un drôle d’effet, plus choc que chic, que de découvrir, déployées, les culottes, augustes, de la reine de France. Étalées tels des étendards en berne, étendues éperdues à l’horizontale, elles reposaient devant moi. Sagement rangées. S’offrant à la vue, en plein cadre, couleur bois de rose sur le séchoir de plastique blanc. C’était la révolution en dentelles. Je restai pétrifié par cette vision et scandaleuse, et iconoclaste, car ce n’était pas n’importe quelles culottes. Mais celles de Madame. De Madame, Son Altesse Royale et Impériale Madame la Comtesse de Paris qui, me recevant en sa demeure, le pavillon Montpensier du Château d’Eu, m’avait entraîné, sans que je l’eusse évidemment demandé, dans une visite alerte de sa résidence principale.

Son pavillon, dépendance de la grande bâtisse de brique rouge qui avait vu se succéder, en ses murs, le duc Henri de Guise qui l’avait construite et la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV, qui l’avait ornée, se trouvait au cœur d’un grand jardin à la française dessiné par Le Nôtre et planté de centaines de rosiers de toutes espèces, embaumant d’odeurs de parfum et du poids des fleurs. (…)

C’est à des centaines d’encablures de la demeure royale et de ses dépendances que Son Altesse Royale la Comtesse de Paris était installée, dans son pavillon Montpensier dont elle nous avait donc entrouvert la porte, un verre de whisky à la main. Madame nous proposa un verre que nous acceptâmes et qu’elle nous servit, foin des us et des coutumes, elle-même et sans chichis. Bonne pâte et assurément bon public, je m’extasiai sincèrement devant la simplicité flamboyante du lieu, un peu comme si Marie-Antoinette m’avait reçu dans sa laiterie au Petit Trianon à Versailles, ou comme si Marie de Médicis m’avait accueilli dans son cabinet à poisons du Palais du Luxembourg. La princesse était en veine ; sans attachée de presse, elle avait réussi à déplacer un journal qui n’avait rien d’un fanzine royaliste. La princesse était en verve. Elle se montrait intarissable.

Comme je la complimentais sur sa maison de poupée, je l’entendis me dire : « je vous la montre ». Et nous voilà partis Et nous voilà partis, pour entamer le tour de la bonbonnière, composée d’une cuisine et d’une immense mais unique pièce de séjour et, à l’étage, sous les combles, de chambres et d’une salle de bains. Alors qu’elle était sur le petit palier d’étage à me parler de la plage voisine de Mers- les- Bains, sable à marée basse, galets à marée haute, où elle disposait d’une cabine de bains blanche

« Fine Pêche », où elle adorait aller passer des journées entières au milieu des falaises de craie immaculée « Nous irons y faire des photos », elle ouvrit machinalement la porte de sa salle de bains. Je jetai un œil, machinalement moi aussi, et je vis alors, allongées sur un étendoir de plastique blanc, les culottes de Son Altesse Royale qui séchaient à l’air libre, ce qui ni ne me bouleversa, ni me scandalisa, ni ne m’horrifia, mais me gêna. Avoir été confronté à pareille vision me choqua comme si j’avais commis malgré moi un sacrilège de première catégorie. J’en fus mortifié comme si j’avais perpétré un crime de lèse-majesté doublé d’un épouvantable forfait. Un ange passa, royal. La princesse fit comme si rien ne s’était passé et comme si mon trouble lui avait échappé. Et elle sonna la charge contre le chantier routier. Nous quittâmes le pavillon que la princesse ferma à double tour. (…)

Henry-Jean Servat – SO CHIC

Édition Archipel – 20,00 €

Journaliste, chroniqueur, écrivain et réa-lisateur, Henry-Jean Servat a principalement travaillé pour Midi Libre, Libération, Paris Match et France 2 où il a tourné et présenté sept cents reportages de 2003 à 2019.

Il a rédigé quelques soixante ouvrages, réalisé six documentaires télévisés et aussi mis en scène un opéra.

Henry-Jean Servat a été élu, en juin 2021, conseiller municipal de la ville de Nice où il est en charge de la Protection Animale ainsi que du Cinéma. Il vit entre Nice et la provence.

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