Carte Postale
Philip Plisson –
La Trinité-sur-Mer
1951, petit bonhomme de quatre ans, je débarque à La Trinité-sur-Mer après une journée de route, bloqué avec ma sœur à l’arrière de la 4CV Renault familiale. Ayant grandi entre les étangs de Sologne et les bords de Loire, ici, je découvre enfin l’horizon immense, infini, puis la lumière. Elle brille de scintillement argent sur cette mer inconnue. J’apprendrai plus tard qu’en Bretagne sud, on regarde toujours la mer à contre-jour. Je présume que c’est à cet instant que j’ai compris pourquoi les parents, depuis des semaines, nous parlaient des émotions que nous allions vivre. Ils nous révélaient tout naturellement leur besoin de Mer.
J’apprendrai beaucoup plus tard qu’il coule dans notre sang, dans nos larmes, le même pourcentage de sel que dans la mer ce qui expliquerait ce besoin de retourner d’où nous venons. La petite plage bleue pleine de soleil qui illustre mes propos est celle où pour la première fois entre mes orteils tétanisés, la mer s’est infiltrée avec une sensation glacée qui m’a fait battre d’un coup en retrait. Après quelques instants, nous fîmes connaissance avant un nouveau repli provoqué par les éclaboussures des parents qui prenaient un malin plaisir à nous asperger. Les cheveux mouillés, les premières gouttes de mer coulaient sur mon visage jusqu’aux lèvres. C’est alors que je découvris le vrai goût de la mer, j’étais baptisé.
MARIN-PHOTOGRAPHE
« Comme Picasso qui fut le premier à peindre la peinture de préférence à ses modèles, Philip au moment où l’on croit qu’il raconte un spi déchiré, une bouée couchée par le courant ou l’inépuisable histoire d’un sillage d’écume au près serré, ne fait que de parler de son art, tout en mensonges vrais. Merci, Philip, d’avoir écrit en images, sur la mer, le texte qu’aucun écrivain n’a su élever à la hauteur du modèle, démesuré, haletant, cristallin-morceau de ciel » Bertrand Poirot-Delpech de l’Académie Française
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