Brigitte Bardot, Isabelle Adjani

première rencontre et dîner secret à St Tropez

par Henry-Jean Servat

Journaliste, chroniqueur, écrivain et réalisateur, Henry Jean Servat nous entraîne au cœur de la vraie Jet Set et nous confie avec élégance et humour ses plus belles histoires dans son dernier livre «  So Chic ! » paru aux éditions Archipel.

Extrait et moment choisis.

Isabelle Adjani est mon idole et mon amie. Brigitte Bardot est aussi mon idole et mon amie, depuis plus longtemps encore. Puisque je la connais et la pratique, pour le meilleur, depuis plus de trente ans. Je les associais toutes deux dans mon esprit et dans mon cœur sans jamais pouvoir les réunir. Je pensais bien que je n’y parviendrais pas. La mission paraissait impossible, même si j’étais bien placé pour savoir qu’elles éprouvaient de l’estime et de l’affection l’une pour l’autre. (…) J’arrange donc l’affaire et ainsi la rencontre historique Bardot-Adjani est enclenchée. (…) Personne ne peut dénicher cet endroit mais il faut l’aménager. Une table en teck ovale, quinze torchères et cent bougies dans des photophores rouges donnent une allure de nouveau camp du Drap d’Or à l’entrevue à laquelle Brigitte et Isabelle se préparent sans stress mais avec plaisir, me disent-elles toutes deux séparément dans l’après-midi. Je ne vois d’ailleurs pas comment et pourquoi il y aurait du stress dans l’air. Brigitte et Isabelle sont des filles délicates et des âmes sensibles. Sur place, avec Karim Klaa, le directeur des lieux, je surveille les préparatifs, ambiance avec les chansons des Gipsy Kings que toutes deux aiment, et j’accueille mes invitées

Isabelle arrive la première, sans son tout nouveau shih tzu aux yeux verts, dans une robe de voile de mousseline imprimée de fleurs mauves et bordée de dentelle. À peine tendue et assez impressionnée, elle s’assied dans le fauteuil en osier d’un petit salon improvisé à ciel ouvert et elle patiente sagement à la façon d’une héroïne modèle de la comtesse de Ségur en buvant un verre d’eau minérale ni gazeuse ni glacée. Brigitte, qui n’est pas sortie dans Saint-Tropez depuis deux ans, arrive avec son mari Bernard d’Ormale.

Il est 21 heures. L’atmosphère est chaude. La nuit tombe. Isabelle vient à sa rencontre dans les senteurs de lavande et de romarin au bord de la piscine éclairée. Les deux idoles s’embrassent et se tiennent longuement la main en se regardant dans les yeux. Brigitte, body moulant et pantalon collant de danseuse classique, a renoncé à venir pieds nus. « Je ne savais pas sur quoi je marcherai. » Le ton champêtre est donné, le dîner se déroule sans anicroche, le dialogue vagabonde et le trop beau temps ouvre la discussion (…)