Amandine Henry, femme foot

Allez les filles ! Le football féminin trouve (enfin) sa place dans nos élans et sur nos écrans. Merci Amandine. Avec quelques autres joueuses, elle fait rayonner l’équipe de France autant que son club de cœur, l’Olympique Lyonnais. Surtout, elle s’est approprié le ballon pour le jouer en partition majeure, elle lui donne son élégance et ses lettres de créance. Frange blonde qui danse avec ses dribles, silhouette virevoltante de transversales en amorties, regard azur figé sur la trajectoire, sourire à faire trembler les filets. But !

Elle vient de signer pour deux années supplémentaires. Amandine Henry, la Chti, débarquée sur la pelouse de l’Olympique Lyonnais 2007, en portera donc le maillot jusqu’en 2023, floqué N°6, dédicacé avec tempérament : fidélité absolue au club qui lui fit confiance lorsqu’elle n’avait que 18 ans ; frisson toujours ardent pour la victoire, elle exige de nouveaux trophées après douze titres de Championne de France, sept Coupes et six sacres en Ligue installant les lyonnaises au sommet de l’Europe. Un palmarès record. Rencontre avec le porte-drapeau de la femme foot qui gagne.

En 14 années de carrière, vous avez été le témoin de l’évolution du football féminin. Quelles en sont les grandes lignes ?

Créateur de tentations

AH On est passé de la nuit au grand jour et je salue au passage le Président Aulas qui fut le premier à miser sur une équipe féminine au sein de l’Olympique Lyonnais. Nous sommes parties de rien ou presque, c’était un peu la baballe entre filles qui n’avaient que leur passion du ballon pour détermination. Aujourd’hui, nous bénéficions d’infrastructures de haut niveau, d’un staff médical, d’entraineurs super qualifiés, nous pratiquons avec des techniques de jeu élaborées, nous sommes suivies de l’entrainement à la diététique… Bref, en quinze années, nous sommes devenues des pros.

« Qu’on nous laisse exprimer notre singularité ! »

Vous reconnaissez toutefois que l’engouement du grand public est moins fort que pour le foot des hommes ?

Créateur de tentations

AH L’écart se réduit vite. Les matchs de l’équipe de France sont de plus en plus suivis et l’aura des Lyonnaises grandit. Mais, cette comparaison m’énerve terriblement. Je trouve ridicule de mettre hommes et femmes sur le même plateau. Oui, les hommes courront toujours plus vite et plus loin que nous, oui, leurs frappes sont plus puissantes que les nôtres ! Soulignons surtout nos différences, les femmes privilégient la technique sur la force, elles pensent solidarité avant de viser l’exploit personnel. Qu’on nous laisse être nous-mêmes, jouer selon notre tempérament, exprimer notre singularité !

Quelle est l’ambiance au sein de l’équipe ? Entretenez-vous des relations d’amitié avec des joueuses d’autres clubs ?

Créateur de tentations

AH A l’OL, l’atmosphère est au beau fixe. Le groupe est très solidaire et est guidé par une seule et même intention, gagner le prochain match. Le métier de footballeuse professionnelle est tellement exigeant, entre les entrainements, les séances vidéo, les préparations d’avant-match, le débriefing qui suit, le travail personnalisé… Nous n’avons vraiment pas le temps de se voir. Déjà que nous croisons à peine les joueurs de l’OL hommes, imaginez, avant que je fasse une sortie avec des copines de Montpellier ou de Paris… Plus tard, une fois nos carrières au plus haut niveau terminées, nous nous rattraperons !

Vous venez de prolonger de deux années votre bail avec l’Olympique Lyonnais. Avec ce club, vous avez tout gagné, le Championnat, la Coupe de France, celle d’Europe… Vous en voulez encore plus ?

Créateur de tentations

AH Bien sûr ! Je ne suis jamais rassasiée de titres, j’en veux encore ! De même, je veux toujours progresser au plan personnel, en technique de balle au pied, en vista avec les autres joueuses de l’équipe.

Quelle est la journée-type d’Amandine Henry ?

Créateur de tentations

AH Elle est très orientée travail, condition sine qua non de la performance que je vise. L’entrainement commence à 9 heures, et dure la matinée. Séance vidéo pour analyser notre dernier match ou préparer le suivant. Déjeuner à 13 heures. Ensuite, chacune de nous gère, sieste, soins, traitements spécifiques, dîner et coucher de bonne heure. En ce qui me concerne, je prends juste le temps de sortir avec mes deux chiens, Zuma et Rio, deux pomsky, le bonheur de la promenade…  Il n’y a pas de miracle, travail, travail et travail. Le sérieux est notre ligne de conduite…

« Aux Etats-Unis, le foot féminin cultive la positive attitude »

En 2017, vous faites une courte escapade aux Etats-Unis. Vous signez avec l’équipe de Portland (Oregon). Qu’est-ce qui vous attirait aux USA ?

Créateur de tentations

AH J’avais très envie de vivre une expérience foot différente et je n’ai pas été déçue. D’abord, quelle ambiance, le foot féminin est vraiment considéré dans ce pays, nous jouions devant 20 000 spectateurs, c’était de la folie. Portées par ce public extraordinaire, nous avons gagné le Championnat des Etats-Unis, ce n’est pas rien ! Ensuite, j’ai apprécié un autre mode de management. Là-bas, on cultive la « positive attitude », les joueuses sont toujours soutenues par leur entraîneur, même après avoir fait une grosse bêtise. Enfin, lors des déplacements, c’est totale liberté d’activités, juste l’obligation d’être à l’heure à l’entrainement et à l’échauffement avant le match. Les cultures sont différentes. Aux États-Unis on responsabilise plus les joueuses.

En avez-vous profité ?

Créateur de tentations

AH Oui, j’ai pris le temps de visiter New York, Chicago, Las Vegas et bien d’autres, j’en ai pris plein les yeux, j’ai emmagasiné les souvenirs !

Une fois le confinement levé, où partirez-vous en vacances ?

Créateur de tentations

AH J’aimerais retourner en Grèce, découvrir les îles et les monuments, ce pays m’attire. J’ai aussi très envie de rendre visite à l’un de mes cousins qui dirige une académie de football à… Dubaï. Pour y avoir été plusieurs fois, c’est un pays étonnant.

« Chez moi, dans une petite pièce, je range médailles, coupes et maillots »

Votre contrat court jusqu’en 2023, vous aurez alors 34 ans. Fin de carrière ou début d’une nouvelle vie ?

Créateur de tentations

AH Je verrai dans quelle forme physique je me trouve. Continuer reste une option. Je sais aussi qu’il y a une vie après la compétition. Je n’ai aucune certitude à ce jour, sauf savoir que j’aimerais rester dans le foot féminin, directrice sportive par exemple, ou ambassadrice, j’adorerais conjuguer ma passion du jeu avec mes envies de voyages. Je pourrais aussi suivre les cours de management dispensés à Limoges. Je reste surtout ouverte à toutes les possibles, toutes les propositions, toutes les initiatives.

Vous avez été le modèle d’une poupée Barbie. Elle n’a jamais été commercialisée mais vous avez reçu le seul exemplaire existant. Qu’en avez-vous fait ?

Créateur de tentations

AH Chez moi, il y a une petite pièce, comme un recoin secret où je garde les trophées de ma carrière. Sur les étagères, je dépose coupes, médailles, maillots de mes grands matches… Et ma Barbie chérie. Souvent, je m’y réfugie pour faire le point, passé, présent, avenir, j’en parle avec elle.