Jean-François Clervoy
Voler en apesanteur à bord de l’Airbus A310 AIR ZERO G.
Qui de plus expérimenté qu’un astronaute pour nous parler de l’espace et de l’expérience gravitationnelle extraterrestre ?
S’entretenir avec Jean-François Clervoy c’est partager sa passion.
Au départ, il s’agissait du sujet de sa thèse en aéronautique. En effet, pour faire avancer la conquête spatiale, on devait recréer l’état d’apesanteur sur de courtes périodes sans besoin d’aller dans l’espace. Ce moyen sera à partir des années 1950 le vol parabolique en avion. Les Américains et les Russes étaient déjà équipés, la France sera donc la pionnière pour les vols paraboliques en Europe dès 1989 sous l’impulsion de Jean-Pierre Haigneré et de Jean-François Clervoy justement.
Les vols paraboliques sont destinés aux chercheurs dans tous les domaines scientifiques et l’avion utilisé pour produire ce phénomène d’apesanteur est aménagé comme un véritable laboratoire de recherche. Depuis mars 2013, sous l’impulsion de Jean-François Clervoy, la société Novespace, qui dépend du CNES et gère le programme, permet aussi aux particuliers et aux entreprises de vivre eux-mêmes l’incroyable et inoubliable expérience de l’apesanteur.
Effectuer un vol parabolique consiste à faire suivre un véritable arc d’orbite terrestre par un avion. L’avion décrit ainsi dans le ciel une courbe balistique qui provoque un flottement libre de tout ce qui se trouve à l’intérieur de la cabine, créant ainsi le même état d’apesanteur que celui régnant dans les vaisseaux spatiaux. Les phases de cabré de la trajectoire qui précèdent et suivent la phase balistique offrent à l’inverse une sensation de poids accrue – dite de 1,8 G – identique à celle vécue par les astronautes lors du lancement de leur fusée.
« Cette expérience de l’apesanteur n’est pas une simulation comme celle proposée parfois dans les parcs d’attractions Elle est réelle et ne se compare à rien de connu.
Elle déroute avec émerveillement tous ceux qui la tentent.
— Jean-François Clervoy
C’est pourquoi j’aime dire aux passagers qu’ils sont devenus de vrais astronautes d’un jour ! »
De fait, tout un programme encadre le vol « AirZeroG ». Une arrivée est prévue la veille au soir pour tous les participants. Ceux-ci sont invités à faire connaissance autour d’un dîner, réunis par table et selon les petits groupes de dix personnes qu’ils formeront à bord de l’appareil.
Car la cabine au sein de laquelle ils vont expérimenter le phénomène est divisée en 4 zones de 25 m2 baptisées Mars, Jupiter, Saturne, Lune pour permettre de vivre pleinement ce moment exceptionnel et très émotionnant.
Le lendemain matin, après les explications et présentation des règles à respecter, embarquement à 10 heures accompagné par des pilotes chevronnés et patronnés par Jean-François. Celui-ci sera d’ailleurs tout au long du vol à leurs côtés avec un instructeur par groupe, pour leur proposer plusieurs activités ludiques et leur faire profiter pleinement de l’instant spatial.
Non seulement les passagers vont découvrir la sensation de « poids zéro » durant l’apesanteur (5 minutes en tout en 13 manœuvres successives) mais aussi ils testeront la gravité martienne (1/3 de la gravité terrestre) et lunaire (1/6 de la gravité terrestre).
« Durant le voyage, tous les passagers redeviennent des enfants, souligne Jean François, oublier son corps et n’avoir la sensation de n’être qu’une conscience flottante est étonnant et provoque une émotion inédite »
— Jean-François Clervoy
La découverte est proprement inoubliable. « Au retour, tous ont des étoiles dans les yeux, le sourire aux lèvres et se demandent comment retourner au bureau le lendemain » explique-t-il encore en souriant. « De plus c’est une expérience qui se vit « ensemble » et rapproche tous les participants qui partagent un tel moment. Souvent les passagers continuent de communiquer entre eux et se revoient pour évoquer cet instant magique ».
Le prix de l’expérience reste élevé mais les bénéfices sont intégralement reversés à la recherche spatiale et permettent d’amortir les coûts d’exploitation de l’appareil.
Et Jean-François de conclure avec sans doute la plus jolie formule pour justifier la recherche scientifique :
« Apprendre, explorer, découvrir est essentiel pour gagner en sagesse et en relations humaines positives »
Décidément, le ciel n’a pas fini de nous faire rêver.
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