Carte Postale de Nikos Aliagas
Dans la lagune de Missolonghii
(Grèce centrale, région de Etoloakarnania)
J’aime retrouver la lagune de Missolonghi, la ville de mes ancêtres. Entre mer et lac, les embruns iodés du crépuscule me font plonger dans la ligne d’horizon. A la fois lumière et miroir, là les mots ne suffisent plus et où les certitudes s’évaporent comme des statues de sel.
Ici les pêcheurs deviennent passeurs de nos rêves diurnes les plus intimes.
La lagune ne livre pas ses secrets au premier venu, elle les disperse dans la brume de l’aube comme des chuchotements ineffables Si vous pensiez être seul au monde à Missolonghi, vous êtes dans l’illusion. En arrivant dans la lagune, vous aviez sans le savoir, rendez-vous avec vous-même.
La lagune de cette ville, devenue sacrée pour avoir résisté à l’empire Ottoman au dix-neuvième siècle après le massacre de ses habitants, se nourrit de silence et de rêves. Le temps ne s’est pas arrêté, il incarne le paradoxe d’un monde liquide en mouvement mais qui ne bouge pas. Les non-dits nourrissent l’instant dans la lagune. Une seconde dure une éternité. Ici, je me retrouve et je me perds, ici je renais à chaque lever de soleil.
Nikos ALIAGAS
A lire : L’épreuve du temps,
Nikos Aliagas, Editions La Martinére
Rédiger un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.