Alexandre Debanne

« Dans l’adversité, une femme ne renonce jamais ! »

En bon bélier (né un 8 avril), il fonce. Alexandre Debanne, créateur en 2001 du Raid des Amazones est déjà prêt à en célébrer la 21ème édition. Covid, frontières fermées, avions cloués au sol, distanciation…, il va se battre. Chaque année, il a dû lever tant d’obstacles pour réunir « ses » 300 Amazones au Vietnam, au Sri Lanka ou en Californie que l’affaire ne lui semble vraiment pas insurmontable. Rendez-vous donc en mai 2021 à l’Île Maurice ou à la Réunion, on verra. Avec une formule immuable : uniquement des femmes en binôme ou trio qui disputent une épreuve sportive chaque matin, trail (15 à 20 kilomètres), canoë (12 à 20 kilomètres), VTT (30 à 50 kilomètres), tir à l’arc… et l’après-midi, partagent avec la population locale, rencontres, visites des villages, artisanat, cuisine, langue, etc. Le tout, durant une semaine. Enchantement garanti, plaisir d’un séjour tonique, découvertes originales, convivialité totale et tête à la fête ! Gagné. La preuve  ? Malgré l’incertitude sur la destination, les 300 candidates de la prochaine édition se sont déjà inscrites.

Ne jamais se fier aux apparences. Certains l’auraient cantonné au registre « belle gueule de la télé », idéal pour un fan de Vidéo-gag ou les accros de la Roue de la fortune. Erreur. Alexandre Debanne est d’une autre trempe. Il suffit d’effleurer le palmarès du champion : ascension du Kilimandjaro, record du Tour de Corse et passage du Cap Horn en jet-ski, as du Trophée Andros, pilote émérite de moto… Le petit écran, trop étroit pour lui. Le Raid des Amazones raconte désormais son au-delà, sa victoire, sa fierté. Ce rassemblement réservé aux femmes leur rend hommage, bien loin du challenge sportif pour gros biscotos.

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Quel est le profil type d’une Amazone ?

Créateur de tentations

AD

Elle a entre 25 et 55 ans, à 85%, une nouvelle venue, c’est une femme structurée avec vie de famille et enfants, elle est engagée socialement puisque le plus souvent s’inscrit avec le dossard d’une association humanitaire dont elle portera le message, elle s’est mise au sport en vue des épreuves et continue à pratiquer bien des années après la fin du Raid.

Les activités sont quand même de bon niveau. Que se passe-t-il quand une Amazone craque ?

Créateur de tentations

AD Mais ça n’arrive jamais ! Les autres viennent immédiatement à sa rescousse, l’encouragent, la mobilise, l’aident à repartir ! Vous ne verrez jamais ça dans une compétition d’hommes qui se réjouissent aussitôt d’un concurrent à terre, un de moins. Entre Amazones, la solidarité est une valeur spontanée et primordiale. Et puis, je l’observe sur le terrain : en cas de faiblesse passagère, la victime se ressaisit immédiatement, une femme, ça ne craque pas ! Quitte à s’effondrer en larmes dès la ligne d’arrivée franchie

Durant une semaine, vous gérez une micro-société de 300 personnes, leurs conflits, leurs rivalités, leurs envies. Quel est votre secret pour garder la paix ?

Créateur de tentations

AD Pardon, mais ce que vous évoquez n’a pas cours durant le Raid. Ces femmes entre elles imposent une harmonie et une convivialité sidérantes. Je n’ai jamais à intervenir, elles régulent tout sans m’impliquer. Du coup, j’ai l’impression d’être l’observateur d’un commando de forces spéciales qui chaque soir prépare sa journée du lendemain, épreuve sportive, visites, rencontres, actions humanitaires. Ce qui n’empêche pas de le faire en trinquant au bar dans une joyeuse ambiance !

A l’inverse, comment valorisez-vous leur réussite ? A la fin de chaque épreuve, il y a un classement, mais pas de prix…

Créateur de tentations

AD Ce sont des femmes… Alors, elles sont juste heureuses de leur classement, quel qu’il soit « je ferai mieux demain » mais aucune déception, à peine le regret de n’avoir pas une meilleure place. Leur victoire n’est pas là. Le Raid Amazone leur tend un miroir, celui du « Révèle-toi à travers des activités sportives, la découverte d’un pays que tu ne connais pas, la promotion de ton association, elle exprime ta générosité ». Vous n’imaginez pas comme cet axiome les valorise et suffit à leur bonheur.

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Est-ce dire que dans l’épreuve, elles se battent contre elles-mêmes, que dans l’effort, elles se révèlent ?

Créateur de tentations

AD Exactement. Entre activités sportives accessibles à toutes, j’y tiens, et immersion dans le pays d’accueil, elles manifestent une incroyable solidarité, toujours attentives aux autres, pendant qu’elles prennent une leçon d’Humanité. Quand elle embarque à l’aéroport, Madame Toutlemonde candidate Amazone ignore encore qu’elle n’est pas n’importe qui. Dans une semaine, elle reviendra transfigurée, sûre d’elle-même, de la force qu’elle peut exprimer, de son horizon qui s’est considérablement agrandi, avec les autres et grâce au pays traversé.

Quelle est la part du mental dans cet accomplissement ?

Créateur de tentations

ADJ

. Il est essentiel. D’abord parce qu’elles doivent gérer leur éloignement du cocon familial et des activités professionnelles. A peine dans l’avion, elles compensent par les contacts avec les autres Amazones.

C’est le moment où se forge une solidarité qui élimine tout esprit de rivalité.

Enfin, elles apprennent le partage avec la société d’un pays qui n’a rien à voir avec la nôtre, s’intéressent aux écoles, aux mariages, aux travaux des champs, au tissage, à la musique, c’est passionnant. Mais pas d’ambigüité : elles se découvrent elles-mêmes. Chacune de ces Amazones devient son propre héros, elle franchit un cap.

D’où vous est venu l’idée de soumettre cette démarche à « vos » Amazones ?

Créateur de tentations

AD En 1996, en plein tourbillon télévisuel qui m’offrait mille et mille privilèges, j’ai eu un très grave accident de moto. Ce fut une révélation : ma vie, ce n’était pas le petit écran, il fallait que je me réapproprie la mienne. Je ne dis pas autre chose aux Amazones : devenez maîtresse de votre vie ! Preuve que ça marche, nous avons accueilli un grand nombre de femmes en rémission de leur cancer, une non-voyante, une unijambiste… A travers le dépassement de soi et la solidarité, elles relèvent le défi d’elles-mêmes et elles le gagnent !

Et vous ? Moto, jet-ski, montagne, automobile ?

Créateur de tentations

AD Les années qui passent m’obligent hélas à calmer mes passions autant que mes lubies. La moto reste ma pratique préférée. Elle m’offre un sentiment inégalable de liberté, de frissons et de bien-être. En pilotant sur les petites routes de France, je mets mon adage préféré en action : « On n’a qu’une vie, il est urgent d’en profiter ». Je le confie à toutes les Amazones. ©

www.raidamazones.com/